La mondialisation, une chance à saisir, vite!

Publié le par Jazz

C'était un jeune ingénieur brillant, il y a 20 ans. Il travaillait pour une célèbre société d'électronique grand-public hollandaise, dans son usine de Dreux ,et gravissait vite les échelons.
Alors quand l'entreprise a décidé de fermer son usine française pour délocaliser la production à Singapour, il a fait partie de la poignée d'employés à qui on a proposé de partir là-bas, en expatrié (c'était ça ou être viré).
C'était une proposition alléchante, avec un gros salaire, les primes d'expat, le logement et la voiture de fonction et un coût de la vie notablement plus bas. Il a donc accepté avec joie, même s'il a fallu que sa femme, ingénieur aussi, démissionne de son job pour le suivre.
A Singapour, il a continué à gravir les échelons, jusqu'à devenir le patron de l'usine.
Alors quand la société hollandaise a revendu l'usine à une boite chinoise, il a fait partie de la poignée d'employés à qui on a proposé de rester, en contrat local (c'était ça ou être viré).
C'était une proposition plutôt moins alléchante qu'avant, parce que les boîtes chinoises paient nettement moins bien que les hollandaises, et aussi parce qu'il devait partager son temps entre Singapour et le siège, à Shangai, où il devait contribuer à monter une autre équipe. Mais au moins il avait gardé son job, et il avait de grandes idées sur les projets à lancer pour rester bien placé sur le marché. Et puis entre-temps sa femme avait trouvé un boulot sur place. Heureusement.
Parce que peu de temps après, la boite chinoise lui a dit que ses grandes idées n'étaient pas du tout en phase avec leur stratégie, lui a fait comprendre que maintenant qu'il avait monté l'équipe, ils sauraient très bien se débrouiller seuls, et elle l'a viré du jour au lendemain. Maintenant mon copain cherche à se placer en tant que consultant, mais ça ne mord pas trop à Shangai ou à Singapour.
C'est une anecdote ordinaire de la mondialisation, de la délocalisation, du dumping social, de la civilisation du profit immédiat et maximum (pour les sociétés, hollandaises chinoises ou autres, comme pour leurs employés expatriés), de la quantité négligeable que constitue le facteur humain dans les décisions des sociétés qui emploient ces humains, et du côté très éphémère de la compétence professionnelle.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article